Définition de VERMEIL, EILLE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : vèr-mèll, mè-ll', ll mouillées

DÉFINITIONS

1
Qui est d'un rouge un peu plus foncé que l'incarnat.
Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. I, 5
Ses blessures [de Jésus] toutes récentes, toutes teintes et toutes vermeilles de ce divin sang
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Ascension, I
D'un vin pur et vermeil il fait emplir sa coupe
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. I
Ses chanoines vermeils et brillants de santé
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. I
Elle dit que l'éclat vermeil, Dont on voit l'orient se peindre à ton réveil, Vient des roses que ta main sème Dans la carrière du soleil
de DESHOUL. dans Poés. t. II, p. 32
Une lèvre qu'on mord pour rendre plus vermeille
de Jean-François REGNARD dans le Joueur I, 2
Il tombe, un sang vermeil rougit ce corps charmant ; Il succombe....
de Jacques DELILLE dans Én. IX
Une plaie vermeille, celle dont les chairs sont d'un rouge vif.
2
Nature : S. m. Anciennement, vermeil doré, vaisselle d'argent, ou de cuivre, qu'on a dorée avec de l'or dissous en poudre par de l'eau forte et amalgamé avec du mercure.
Les clous qui clouent le galon sont de diamants ; le pied est de vermeil doré, très riche et très bien travaillé
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 déc. 1679
3
Aujourd'hui, espèce de dorure en or moulu qui se fait par l'application de l'or sur l'argent.
Je dors au bruit des eaux, au son lointain des lyres, Sur un lit aux pieds de vermeil
de Victor HUGO dans Odes, IV, 8
4
Vermeil ou vernis-vermeil, vernis rouge, composé de résine gutte, de résine laque et de sang-dragon dissous dans l'alcool, dont on se sert pour donner de l'éclat aux ouvrages dorés ou en détrempe.
5
Nature : S. f. Vermeille, sorte de gemme où le rouge est mêlé d'orangé. Les joailliers appellent vermeille occidentale l'almandine de Beudant, vermeille orientale le corindon, et vermeille hyacinthe le zircon orangé brunâtre.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Nus les feruns [nos épées] vermeilles de chald sanc
dans Ch. de Rol. LXXIV
Que tut [il] li trenchet le vermeill e le blanc [de son escu]
dans ib. XCIX
2
XIIe s.
[Au temps] Que bois et prez sont de mainte semblance, Vert et vermeil, couvert d'erbe et de flor
dans Couci, XVI
La bouche [elle] ot savorose, plus vermoille que sans [sang]
dans Sax. v
Car dunc veïst le sanc el blanc cervel rouir [rougir], Le cervel ensement el vermeil sanc blanchir
dans Th. le mart. 151
Quant il unt fait al rei ceste parole entendre, D'ire devint vermeilz plus que carbuns sur cendre
dans ib. 44
3
XIIIe s.
Vermeille ert [elle était] comme rose, blanche com flor de lis
dans Berte, XX
Li vermaus li monte en la face, Et les lermes du cuer aux iex
dans Lai de l'ombre
En plusors sens seras destrois [affligé], Une heure chaus, une autre frois, Vermaus une hore, une autre pales
dans la Rose, 2289
Vos les [les herbes] metreiz trois jors dormir en boen vin blanc ; se vos n'aveiz blanc, si preneiz vermeil
de RUTEBEUF dans 258
Deux muys de vin blanc et deux de vermeil [sorte de vin]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans vermiculus.
4
XVIe s.
Aux nouveaux raiz du matinal soleil, Les fleurs ainsi reprennent leur vermeil
de Joachim DU BELLAY dans III, 9, recto.
J'ay encore pour quinze mille francs de vaisselle, tant de cuisine que de buffet, blanche et vermeille
de Vincent CARLOIX dans IV, 7
Playe vermeille, non aride et seiche, jettant pus louable
de Ambroise PARÉ dans VIII, 13
Un jour estant blecé [Alexandre], regardant escouler le sang de sa playe : Eh bien ! qu'en dites-vous ? feitil ; est-ce pas icy un sang vermeil et purement humain ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 328
.... et le vermeil de ceste belle joue Qui fait honteux le pourpre tyrien
de Pierre de RONSARD dans 60

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, varmeil, varmé ; provenç. vermelh, vermel ; cat. bermell ; espagn. bermejo ; portug. vermelho ; ital. vermiglio ; du lat. vermiculus, kermès (voy. KERMÈS) ou cochenille du chêne, qui donne une couleur rouge, proprement petit ver, diminutif de vermis (voy. VER).